Biarritz : le BO à l'heure du chaos
BIARRITZ (PYRÉNÉES-ATLANTIQUES) - Trois présidents en deux mois ! Même le voisin bayonnais, roi de l'instabilité, n'a pas connu ça. Il y a soixante jours, Nicolas Brusque, nommé en août 2015, dirigeait encore le Biarritz Olympique Pays Basque (BOPB). Le 5 février, il cédait sa place à Benjamin Gufflet, lequel a été remplacé le 30 mars par un proche, Benoît Raynaud (41 ans), déjà administrateur. Selon un communiqué émis samedi dernier, Gufflet a «manifesté son souhait de prendre du recul» . Il ne sera resté en poste que cinquante-trois jours ! La veille, le club basque avait vécu un événement tragique avec le décès du directeur administratif, Pierre Bousquier, dix-neuf ans au service du BO, victime d'un accident cardiaque dans les locaux du stade d'Aguiléra. Il a été inhumé mercredi après-midi à Biarritz.
Depuis plusieurs mois, le climat était à la défiance. Entre salariés et dirigeants, entre administrateurs aussi. L'affaire s'est amplifiée à Noël quand A-Team Sports Investments (ATSI), pool d'actionnaires détenteurs de 52 % du capital du BOBP et présidé par Benjamin Gufflet, a exigé d'être plus impliqué dans la conduite financière du club. Brusque ayant refusé une coprésidence avec Gufflet, ATSI a pris les clés du BO après une AG extraordinaire, le 5 février. Exit l'ancien conseil d'administration, composé de Basques ou fidèles du BO, place à de nouveaux administrateurs, tous issus d'ATSI.
1,5 M€ à trouver
Mais, à la lumière de l'audit réalisé au club, mettant au jour un manque important de trésorerie pour honorer les échéances d'ici à la fin de saison (salaires, factures fournisseurs), un désaccord survenait au sein d'ATSI quant aux moyens à mettre en oeuvre pour mener le nouveau projet. D'un côté, le duo Ledoux-Gufflet, au club depuis l'été 2015 ; de l'autre, le quatuor Gave père et fils-Aldigé-Netter, financiers de Hongkong. Et le 26 mars, les Hongkongais annonçaient leur démission !
Benoît Raynaud, ostéopathe biarrot, se trouve face à un immense chantier, surtout financier. Il semble que le BO doit trouver 1,5 M€, et ce nouveau président n'arrive pas en odeur de sainteté, à l'image de son prédécesseur. La semaine passée, il assurait que les solutions financières «étaient en cours». Pendant ce temps, sur le terrain, Gonzalo Quesada tente de garder ses troupes sous pression afin de pouvoir disputer une seconde demi-finale consécutive. Biarritz, 5e et virtuel barragiste, se déplace
demainà Massy.
Bayonne : l'Aviron connaît la chanson
BAYONNE (PYRÉNÉES-ATLANTIQUES) - On change ! Encore... Au terme de l'assemblée générale extraordinaire de l'actionnariat, convoquée le 16 avril, Pierre-Olivier Toumieux et Philippe Tayeb devraient être nommés respectivement président du conseil de surveillance et du directoire de la SASP Aviron Bayonnais Rugby Pro, en remplacement de Francis Salagoïty et Christian Devèze, démissionnaires le 24 mars. Le duo pourrait annoncer l'arrivée de Yannick Bru (44 ans) comme manager général du club. L'ancien entraîneur des avants de l'équipe de France est pressenti pour remplacer Pierre Berbizier, arrivé l'été dernier et sous contrat jusqu'en 2019, à la tête du secteur sportif. Bayonne, 8 e de Pro D 2, relégué il y a onze mois, fait face à un constat d'échec.
Et comme chez le voisin biarrot, c'est une partie des actionnaires, dont le pool AB Lagunak (22 membres, 60 % du capital du club à titre collectif et individuel), qui a voulu prendre les affaires en main, sous peine de ne plus subvenir aux besoins financiers. Là aussi, il va falloir combler un nouveau trou d'ici à la fin de la saison. On parle de près de 1 M€... AB Lagunak, déjà à la tête de l'Aviron au printemps 2015 et représenté par son président, Manu Mérin, était favorable au projet d'union avec le BO. L'affaire avait capoté sous la pression des supporters hostiles, lesquels s'étaient réjouis de voir revenir le duo Salagoïty - Devèze. Dix-huit mois plus tard, les deux hommes sont décriés par les fans pour avoir envisagé de créer, en solitaire, un «grand club du territoire» !
Une nouvelle aventure
Revoilà donc AB Lagunak en position de force. Mais pas ami pour autant avec cette frange de supporters qui leur tient toujours rigueur du projet de fusion et qui a appelé à la non-reconduction des abonnements si Richard Dourthe, ancien joueur, capitaine puis manager, n'était pas intégré au nouveau projet, nommé «Jean Dauger Etxea» (la maison Jean Dauger). Ce ne sera pas le cas. Cette future gouvernance entend démarrer une nouvelle aventure, où l'Aviron naviguera seul, sans rapprochement avec Biarritz, et où la formation des jeunes talents du vivier basque sera mise en valeur. En attendant, vingt et un joueurs de l'effectif sont en fin de contrat et attendent que l'on statue sur leur cas. Un vrai bazar. Mais à Bayonne, on connaît bien la chanson.