RUGBY FÉDÉRALE 1, CAHORS-PÉRIGUEUX. Le 3e ligne tongien du CAP est décédé à 28 ans des suites d'un arrêt cardiaque. Ce drame, survenu hier sur le terrain lotois, plonge toute la famille capiste dans une profonde tristesse
Le rugby pleure Feao Latu
Feao Latu aurait eu 29 ans le 16 avril prochain. (archive jean-christophe sounalet)
Le monde du rugby est sous le choc. Le troisième ligne tongien Feao Latu est décédé à l'âge de 28 ans, hier, au cours de la rencontre qui opposait son équipe de Périgueux à celle de Cahors, sur le terrain lotois. Le drame, apparemment dû à un arrêt cardiaque, s'est produit à la 17e minute. L'ouvreur lotois venait d'inscrire un essai.
Le long de la ligne de touche, à l'écart du jeu, le joueur a d'abord mis ses mains sur ses genoux avant de tomber une première fois, de se relever puis de s'effondrer. Pendant que le buteur ajustait la transformation, les médecins du club s'affairaient. Les joueurs étaient prêts à reprendre le jeu, quand l'arbitre, ayant pris conscience de la gravité des faits, a alors mis fin à la rencontre, causant peu à peu l'effroi de tout le stade.
Le président du club cadurcien, Jérôme Prévost, a ensuite pris le micro pour confirmer cet arrêt du match. Comme toutes les personnes présentes, le dirigeant était plongé dans un émoi profond : « On avait prévu une grande journée aujourd'hui (hier, NDLR), pour la venue de notre voisin et ami périgourdin, le club leader de la poule. La fête devait être belle. C'est dramatique. »
D'abord pris en charge pendant une demi-heure par les secours, qui ont tenté de le ranimer (massage cardiaque, défibrillateur), Feao Latu a rapidement été transporté à l'hôpital de Cahors, où son décès a été constaté à 16 h 50. Une enquête serait en cours, qui tentera de déterminer avec exactitude la cause du décès du Capiste. Une autopsie devrait être pratiquée.
« Sur la vidéo, on le voit s'effondrer seul, précise le dirigeant lotois. Ce n'est pas consécutif à un choc. C'est terrible. Ce soir (hier), deux clubs sont en deuil. »
En fin de journée, les joueurs de Périgueux ont repris la route alors que leurs dirigeants sont restés à l'hôpital de Cahors, dans l'attente de la femme du défunt, arrivée à 18 h 30.
Abasourdis
Abasourdi, Benjamin Pérais n'avait pas les mots, hier soir, pour réagir au décès de son coéquipier de la troisième ligne : « Nous sommes tous sérieusement ébranlés... Je ne sais pas quoi dire... Je ne pense pas que le moment soit encore venu d'en parler... » Pour Sylvain André, ce fut la même incrédulité : « On n'en sait pas plus... J'étais sur le terrain... Je ne veux pas trop en parler pour l'instant. Désolé. »
Même tristesse pour Dorian Kenil : « C'est incompréhensible, on ne s'est pas rendu compte. On est tous KO. On se dit que ce n'est pas possible ». De son côté, le demi de mêlée de Cahors, Quentin Delatouche, se disait « choqué », à l'image de tous ses coéquipiers : « C'est le sport qui se transforme en horreur ».
Avec le décès de Feao Latu, c'est un jeune homme apprécié par tous qui vient de disparaître. Et le CAP pleure aujourd'hui un joueur souriant, dont chacun saluait la franchise, l'hygiène de vie et le professionnalisme. Feao Latu était aussi ce Tongien parfaitement intégré, croyant, papa d'un petit Benny, époux modèle qui envisageait de s'installer dans la durée à Périgueux, avec sa famille.
La voix affaiblie, le coprésident du CAP Francis Roux peinait hier à s'exprimer : « Un type de 28 ans qui part... C'est de la folie ! » « Il était exemplaire, ajoute l'autre coprésident Michel Macary. Quelqu'un d'exceptionnel, sain, passionné, qui véhiculait à 100 % les valeurs du club. Il avait quitté son pays pour venir ici, avec sa femme, son enfant, et bâtir un foyer... » « On est tous frappé par ce drame. Un de plus dans le club », a encore dit le président de Périgueux en référence à Francis Rongiéras (lire par ailleurs).
Recueillement
Ce soir, vers 18 heures, les Capistes se réuniront au club house de Périgueux. « Ce sera une réunion entre joueurs et dirigeants, indique Michel Macary. Les joueurs et nous-même sommes complètement choqués. Il est important d'en parler ensemble, afin d'essayer de surmonter cette épreuve lourde de conséquences sur l'état d'esprit du club. Aujourd'hui, nous sommes dans une tristesse profonde. »
Le maire de Périgueux Michel Moyrand rejoindra la réunion de ce soir. Vianney Le Vacon, adjoint aux sports à la mairie de Périgueux, était consterné : « Dans un tel drame, nous nous sentons proches de l'équipe dirigeante et des joueurs. L'émotion prédomine. »
Une émotion présente dans un communiqué du maire de Périgueux, qui indique avoir « appris avec consternation et tristesse le décès brutal de Feao Latu », un joueur « très apprécié par ses coéquipiers ». Le communiqué se conclut ainsi : « À son épouse, ses deux petits enfants, à tous ses proches ainsi qu'aux joueurs et aux dirigeants du CAPD, éprouvés par cette disparition, Michel Moyrand présente, en son nom propre et au nom de la municipalité, ses plus sincères condoléances. »
« Sud Ouest » s'associe également à la peine de la famille de Feao Latu, de ses amis et proches, des joueurs et dirigeants du monde du rugby et leur adresse ses plus sincères condoléances.
Tags : Sports Rugby périgueux
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Extrait du journal S.O. Dordogne 12 janvier.