Le nouvel élan de l’US Dax
Article abonnés En dépit de moyens limités dans un championnat de Pro D2 marqué comme le Top 14 par une inflation budgétaire, l’US Dax espère cette année se sauver sur le terrain. Pour cela, il faut soigner l’entame dès ce soir face à Aurillac, un prétendant à la montée.
Quel sera le visage de l'US Dax que découvrira le public de Maurice-Boyau ce soir, pour la reprise du championnat de Pro D 2 face à Aurillac ? Celui de d'équipe décevante et sans ressort qui s'est inclinée à sept reprises à domicile la saison dernière, notamment face à Carcassonne ? Ou au contraire, celui de l'équipe conquérante, en réussite et au mental d'acier qui a fait tomber Bayonne, Perpignan et Aurillac, et est allée arracher trois succès nets et sans bavure à l'extérieur. Ce qui ne s'était jamais vu depuis dix ans !
Toute la problématique de cette nouvelle saison 2016-2017 de l'US Dax est contenue dans cette dualité à la docteur Jekyll et mister Hyde. Dans la cité thermale où le devenir du club à l'étage professionnel reste une préoccupation majeure et un sujet d'inquiétude depuis une quinzaine d'années, les observateurs les plus avertis se reprennent néanmoins à espérer et à rêver, à l'aube de ce
nouveau départ. Que l'on ne trompe personne en préambule. Aucun magicien ou plutôt grand argentier n'est intervenu à l'intersaison, afin de bâtir à coup de millions d'euros, une équipe redoutable avec la fine fleur des internationaux sur le retour. Ces joueurs souvent en fin de carrière que la machine du Top 14, devenue une revue de luxe du rugby mondialisé, a daigné laisser faire joujou en Pro D 2.
Continuité
Non, l'US Dax reste un club historique au budget serré de 4,6 millions d'euros, reflet de son territoire qui n'est pas sans ressources, mais est loin de rivaliser avec les gros bassins économiques et démographiques comme Bordeaux, Toulouse, Toulon ou même Oyonnax, Biarritz et Perpignan. Les clefs de ce changement de perception et même de statut de l'US Dax sont à chercher ailleurs. D'abord dans la stabilité de l'effectif. D'aucuns auraient tendance à pointer du doigt que le staff technique et sportif a fait contre mauvaise fortune bon cœur et n'avait guère le choix que de conserver 80 % de l'effectif et d'effectuer un recrutement ciblé mais réduit.
Néanmoins, cette stabilité est le signe d'une continuité notamment dans le projet sportif et de jeu. Le socle d'une histoire commune. Celle de cette saison 2015-2016 débutée dans le chaos le plus profond et l'incertitude totale jusqu'au 23 août, où l'US Dax fut officiellement repêché en Pro D2. Celle aussi d'un groupe soudé au soir de la victoire inaugurale face à Bayonne à Maurice Boyau.
Les coaches Raphaël Saint-André et Patrick Furet, avec l'aide de tout le staff technico-sportif, Jérôme Daret en tête, ont insufflé de la confiance dans ce groupe afin de tendre vers la performance. Il faut aussi saluer le travail l'an dernier, dans cette saison de tous les dangers, d'un Jean-Christophe Goussebaire à la présidence. Son rôle n'était vraiment pas évident. Ce championnat 2015-2016 a vu éclore le groupe que l'on retrouve aujourd'hui. Une équipe où l'on ne compte pas de stars qui se poussent du col mais de fortes individualités comme Olivier August, capitaine fidèle, Ignacio Mieres, ouvreur internation argentin, Joseph Tuineau, seconde ligne international tonguien, le talonneur Maxime Delonca, ou encore Apisai Nagalevu, le redoutable franchisseur et finisseur fidjien.
Du sang neuf
L'US Dax a apporté un peu de sang neuf avec le respecté Vickus Liebenberg, un seconde ligne rompu aux joutes de Pro D 2 avec les voisins montois. Elle s'est également adjoint les services d'un joueur prometteur, le numéro 8 écossais Jamie Swanson.
L'une des faiblesses l'an dernier de l'équipe était le poste de buteur. Les artilleurs dacquois ont peaufiné leurs gammes durant l'intersaison. Et ils ont reçu le renfort de Thomas Cachet, joueur repéré à Lyon par Raphaël Saint-André, quand ce dernier entraînait le LOU.
Le club qui a profité longtemps de son excellente école de rugby, a puisé dans ce vivier du centre de formation quelques pépites dont le jeune centre Olivier Klemenczak, le solide flanker Filimo Taofifenua, héritier d'une véritable dynastie de rugbymen de Wallis et Futuna (nos Fidji ou Tongas à nous). Et puis le demi de mêlée Adrien Bau. Ce n'est pas un hasard s'ils figurent tous dans le groupe final, ce soir.
La saison en Pro D 2 est un marathon, avec hélas, son lot de blessures et de coups de pompe, la glorieuse incertitude du sport. L'US Dax devra sans doute également lancer dans le grand bain, d'autres jeunes pousses dont le troisième ligne Pierre Huguet, le talonneur Romain Pouyleau, les piliers Bertrand Perez et Romain Maurice, mais aussi le demi de mêlée Simon Garrouteigt pour ne citer qu'eux. Il est probable si la DNACG et la Ligue donnent leur feu vert, qu'un pilier droit venu de l'hémisphère sud, complètera le tableau des effectifs, dans quelques jours. Et tout cela, pour quel objectif ?
Aucune barrière
L'US Dax, cette année, ne se fixe aucune barrière, aucun frein mais sait qu'elle doit d'abord assurer son maintien sportif avant de regarder plus haut. Une dixième place serait un très beau trophée en mai prochain. Une douzième, ne serait nullement déshonorante. Le président Philippe Celhay souhaite, à l'image du capitaine Olivier August (lire par ailleurs), que l'entame soit réussie, que Maurice-Boyau redevienne une « citadelle imprenable ».
Ainsi, le club encore en pleine reconstruction, pourra s'inscrire dans la durée, faire rêver ses supporteurs qui sont aujourd'hui un peu en manque de frissons, dans un antre de Maurice Boyau d'un autre âge. Le match de ce soir face à Aurillac a donc valeur de test, pour une équipe qui a montré lors de sa préparation de belles qualités défensives et en conquête. Alors, on ose y croire !