US Dax : aux quatre coins du monde, les supporters ont toujours la même ferveur
Par Pierre Larquier -
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Publié le 20/05/2023 à 7h30
Mexique, Estonie, Canaries… la diaspora dacquoise fera fi du décalage horaire pour soutenir l’US Dax, ce samedi 20 mai (19 h 30). À la veille de cette demi-finale capitale, des supporters du monde entier reviennent sur la relation à distance qu’ils ont nouée avec leur club de cœur
Maurice-Boyau n’aura pas le monopole de la ferveur samedi 20 mai, jour de demie pour l’US Dax. Le club de rugby est aux portes d’un retour en Pro D2. La fête est promise dans l’écrin dacquois, mais aux quatre coins du monde, les cœurs rouge et blanc battront tout autant derrière les rugbymen de la cité thermale. Des Pays Baltes aux Caraïbes, certains supporters filent une relation à distance. Un attachement à toutes épreuves qu’ils espèrent ponctué d’une gloire sans frontière.
Monseigneur Philippe Jourdan, évêque catholique en Estonie et membre de l’Opus Dei, est un de ces voyageurs. Il a d’abord quitté le berceau dacquois pour Paris, avant de donner un nouveau tournant à sa vie. Si bien que depuis 1996, cet ancien élève de l’école Nationale des Ponts et Chaussées officie pour une communauté catholique grandissante, à Tallinn, capitale d’un « pays marqué par l’inquiétude vis-à-vis du voisin russe ». « Je suis disposé à bénir la famille et les cœurs de l’USD, confie le sexagénaire, ancien ailier universitaire. Dieu n’est ni pour Dax, ni pour Blagnac, je ne peux pas prier pour la victoire. Et puis… Je suis sûr qu’ils vont gagner. »
Certains rebonds du ballon ovale sont imprévisibles, parmi le gros million d’habitants que compte le petit pays balte survit une micro-communauté rugby. « Ici, les équipes jouent avec les formations finlandaises. J’avais été approché par un Anglais pour fonder un club à Tallinn, je lui avais dit que j’y avais déjà une Église à monter… », se remémore l’administrateur apostolique lando-estonien
« C’est obligatoire »
8 175 kilomètres plus loin, à l’ombre des palmiers, Jérome Dubernet ne s’est pas fait prier. « J’ai joué jusqu’à 45 ans au club de Saint-Martin, l’Archiball », avance ce quinquagénaire dacquois installé dans les Caraïbes depuis quatorze ans. « J’ai eu la chance de connaître un titre à Dax, celui de Nationale B. C’était le 13 juin 1993 », revit celui qui occupait l’aile droite il y a bientôt trente ans. L’US Dax est une passion qui se porte selon lui. « Quand je rentre, je passe par la boutique, c’est obligatoire Le retour ne sera pas pour samedi, mais « le cœur y est ». « Je connais la philosophie du rugby que porte Jeff (Dubois,NDLR). Le staff est de qualité… », énumère le supporter qui sera, « c’est obligatoire », devant sa télé à 13 h 30, heure locale.
« La passion ne s’est pas estompée avec la distance parce que c’est ce qui nous rapproche du lieu dont on vient »
Certains fans du rugby dacquois pâtissent davantage du décalage horaire. « Quand ils jouaient à 15 heures en France, ça piquait un peu », avoue depuis Mexico et deux heures plus tôt, Christophe Milhères, parfait homonyme de l’ancien troisième ligne passé par Dax. « Je n’ai pas suivi tous les matchs, honnêtement. »
Néanmoins, ce Clermontois (de Chalosse) se souvient des déplacements à Maurice-Boyau avec son père, Jacques, honoré en février 2022 comme l’un des plus anciens abonnés au stade. « La passion ne s’est pas estompée avec la distance parce que c’est ce qui nous rapproche du lieu dont on vient », dit le voyageur de 37 ans. Samedi, Christophe sera en déplacement à Guadalajara, « je veillerai sur le match avec l’ordi ». La privatisation des écrans TV du pub anglais de Mexico, les amis argentins et colombiens convertis au rouge et blanc, « poussés à supporter l’USD », attendront, peut-être une semaine.
Supporters modernes
Tout est question de curseur quand il s’agit de supporter. L’assiduité se mesure à différents degrés et au regard des impératifs de chacun. Le forum, mais aussi page Facebook, AllezDax.com s’évertue depuis les années 2000 à tenir au courant le supporter dacquois, où qu’il soit. « Il y a quatre ans, le site a commencé à perdre un peu d’audience », indique Francis Lalanne, 78 ans, parfait homonyme du chanteur, certainement passé par Dax. Le coprésident de l’association qui compte 61 adhérents, 1 307 inscrits sur son forum, observe « les gens qui changent leurs habitudes ». La page Facebook a le vent en poupe avec 1 328 followers. Quant au club ? « On va remonter, il n’y a aucun doute. » En tout cas, la ferveur a pris le saut du numérique. « Tout rebouge bien, je crois. Je ne suis pas le technicien du groupe mais on a pas mal de clics. »
Pirate, c’est son pseudo, était là aux prémices d’AllezDax.com. « Je savais batailler un peu sur Internet, alors j’ai rejoint l’association. Le site s’appelait encore USDax.net. Plus tard, le club a monté le sien et a récupéré le nom », renseigne cet « aventurier » dacquois. L’ancien membre du Kommando Pirate, groupe de supporters « assez bruyant » éteint en 2010, a depuis pris quelques distances
En 2016, il trouve un compromis amoureux avec sa compagne allemande – qui parle espagnol comme lui – et s’installe à Tenerife. Le suivi du club, des résultats demeure, avec quelques matchs regardés sur l’écran, « forcément », malgré le « travail les week-ends ». Et non sans anxiété. « Je supporte aussi l’OM et ces dernières années, entre les deux clubs, j’ai connu pas mal de désillusions. » Mais pour samedi ? « On a un peu d’avance », pronostique timidement Pirate. Et beaucoup de foi.