Dechavane Dans SUD-OUEST
« On n’a pas le choix » : l’US Dax à l’épreuve de Saint-Jean-de-Luz
À 30 ans, Julien Dechavanne est l’un des rares joueurs à avoir connu la Pro D2. Il évoque son rôle « d’ancien », le match au sommet de ce vendredi soir, face à Saint-Jean-de-Luz et les défis qui attendent l’USD.
En guise de mise au vert, à la veille de la réception du Saint-Jean-de-Luz Olympique (SJLO), Julien Dechavanne a eu droit à du bleu. La couleur de son uniforme de sapeur-pompier professionnel, qu’il a revêtu jusqu’à la fin de sa garde, ce vendredi 31 janvier au matin.
À 20 h 45, ce vendredi soir, l’ailier de l’US Dax retrouvera une pelouse de Maurice-Boyau qu’il n’a pas encore foulée cette année 2020.
« Sud Ouest ». Quelle est la nature de la blessure qui vous a éloigné des terrains depuis la fin d’année dernière ?
Julien Dechavanne. C’est un style de déchirure musculaire au mollet. Cela m’était déjà arrivé par le passé. Avec la fatigue, et peut-être parce que j’ai 30 ans, mon corps me rappelle à l’ordre. J’étais apte, mais les coachs ont préféré ne pas me faire jouer à Trélissac. Là, je suis à 200 %.
La (sur) motivation dont vous parlez a-t-elle fait défaut à l’USD lors des précédents derbys qu’elle a eu à jouer cette saison ?
C’est vrai qu’on s’est fait surprendre sur l’envie, l’agressivité, lors de certains de nos matchs. On a un effectif jeune, qui doit apprendre de ces défaites. À l’inverse, nos adversaires jouent leurs matchs à fond : l’USD reste l’équipe à battre ; celle qui est descendue de Pro D2.
Cette image d’équipe qui a quitté le monde professionnel continue-t-elle à trotter dans les têtes ? Quand vous êtes arrivé à Dax, l’USD était encore en Top 14…
Cette relégation, je ne l’ai pas vécue. Mais la descente en Fédérale 1, c’est certain que ça a été très dur à encaisser. C’est dur à vivre. Se dire qu’on aura fait partie de l’équipe qui a fait disparaître l’USD du monde du rugby professionnel, ça fait mal. Et ça restera.
Voilà plus de dix ans que vous portez le maillot rouge et blanc, si ce n’est trois saisons à l’US Tyrosse. Quel regard portez-vous sur ce club de l’USD ?
Avant tout, c’est un club qui subit le « nouveau rugby » : celui des grosses agglomérations, celui lié à l’économie. À Dax, le club se bat avec ses armes, je ne saurais juger le travail qu’ont fait les dirigeants depuis que je suis là.
Je sais juste que pour la Pro D2, c’est tout un programme à mettre en place autour d’un projet sportif. Avec la descente, on a vu que le mal était plus profond qu’on ne le pensait… Maintenant, il s’agit de tout restructurer pour assurer l’avenir du club. C’est quelque chose qui ne peut pas se faire en un an.
Est-ce que le fait d’avoir déjà fait une saison pleine en Fédérale 1 apporte des garanties supplémentaires à l’effectif ?
On est un groupe en pleine reconstruction, qui se crée à partir des jeunes du centre de formation qui font, maintenant, pleinement partie de l’effectif. Comme ce sont tous des bosseurs, ça nous pousse, nous les plus anciens, à en faire de même.
Justement, à 30 ans, comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?
Ouh là, ce genre de question, ça montre qu’il me reste moins de dix ans à faire ! Mon contrat avec l’USD se termine en juin. On n’a pas encore parlé de la suite. Tant que j’ai du plaisir à venir au stade, j’aimerais continuer. Après, à mon poste, il faudra voir aussi comment je tiens au niveau du physique.
Cette expérience change-t-elle la donne au niveau de votre investissement au sein de l’équipe ?
Cela s’est fait un peu par force, suite à la relégation. Cela m’a obligé à changer, en trois mois. À 28 ans, je me suis retrouvé parmi les plus anciens. D’ailleurs, on n’est plus nombreux à avoir connu la Pro D2 : 5 ou 6 joueurs maxi ! Par mon poste et mon caractère, ce n’est pas moi qui vais aller secouer les gros. C’est une responsabilité plaisante, même si l’on se doit de montrer l’exemple.
N’est-ce pas trop difficile quand on est pluriactif ?
Travailler, ça a été un choix personnel depuis toujours. Le rugby, c’est sympa, mais ça ne dure pas. J’ai eu la chance d’avoir mes concours assez jeune et de devenir sapeur-pompier professionnel à 22 ans. C’est le plus beau métier du monde. Il y a des valeurs qu’on retrouve sur un terrain de rugby : l’esprit d’équipe, la solidarité, l’effort…
Cela me permet, aussi, de penser à autre chose qu’à la compétition. Ce n’est pas toujours facile de gérer ces deux activités de front. Quand je jouais en Pro D2, les deux jours de repos que j’avais, je les passais à la caserne. Je ne me rendais pas compte du rythme que j’avais. J’ai compris quand ça s’est arrêté…
Après avoir souffert dans les précédents derbys, comment abordez-vous celui face à Saint-Jean-de-Luz ?
On n’a pas le choix ! Il faut gagner. Il n’y a pas autre chose à dire. On a eu de bonnes sensations à l’entraînement toute la semaine. Pour arriver là où on veut aller, être dans les deux premiers, ça commence par une victoire face à cette équipe qui joue très bien au rugby et a une grosse expérience de la Fédérale 1. Pour l’USD, c’est un beau challenge, compliqué, mais on a besoin de ça : si on perd, c’est terminé.