interview Equipe.fr
Pendant que Marc tente d'imposer ses méthodes à la tête de l'équipe de France, Thomas Lièvremont essaie de se maintenir en Top 14 avec son club de Dax. Venu dans les Landes rejoindre son frère, l'ancien numéro 8 de l'équipe de France apprend à faire sans lui, et espère pouvoir poursuivre avec succès le bon travail effectué jusque-là. Il ne doute pas des qualités de son équipe, et déplore juste un manque de réussite. Et il a surtout hâte de retrouver les terrains, après une blessure aux adducteurs.
«Thomas Lièvremont, tout d'abord prenons de vos nouvelles. Vous êtes blessé aux adducteurs depuis la rencontre contre Castres, comment vous sentez-vous ?
Ça va mieux, j'ai recouru lundi, je fais un travail spécifique en ce moment avec des essais sur les appuis, de la vitesse. Je devrais reprendre la semaine prochaine, donc plus tôt que prévu. Tant mieux parce j'ai déjà eu une grosse blessure à la cuisse en début de saison, et j'ai envie de jouer.
Votre équipe se déplace ce week-end chez vous, à Perpignan. C'est toujours un match particulier pour vous ?
C'est toujours compliqué de revenir à Perpignan pour moi. Je suis déçu de ne pas jouer, parce que pour une fois, j'y allais sans pression. On n'a rien à perdre alors qu'avec Biarritz, les matches étaient tendus. J'aurais aimé prendre un peu plus de plaisir, savourer un peu plus ce retour à Aimé Giral. C'est comme ça. Mais Dax y va sans pression, comme à chaque match à l'extérieur, pour faire un bon match, donner le meilleur comme à chaque fois, prendre un point de bonus, voire plus si affinités.
L'US Dacquoise est actuellement en position de relégable, avec quatre points de retard sur Brive. Comment jugez-vous la première partie de saison votre équipe ?
On savait que ça allait être compliqué. C'est toujours difficile quand on est promu. On a fait des bons matches mais on a quand même un certain manque de réussite, qui fait qu'on a échoué cinq ou six fois avec le point de bonus défensif. Mais malheureusement, on n'arrive pas à gagner. C'est aussi le lot des promus qui manquent d'expérience, de réussite. C'est compliqué à gérer parce qu'on est relégable, mais on a quand même de l'espoir pour le maintien. Je pense qu'on peut y arriver. Brive n'est qu'à quatre points, et il y a d'autres équipes à notre portée. On crois vraiment qu'on va s'en sortir, et on a les moyens humains, rugbystiques, techniques pour y arriver.
Vous étiez plutôt habitué à jouer le haut du tableau avec Perpignan puis Biarritz, comment vivez-vous le dur combat quotidien pour le maintien ?
Je vois deux mondes totalement différents. Avec Biarritz, on jouait le titre, toutes les équipes voulaient nous battre et c'était assez compliqué à gérer. A Dax, on joue le maintien, et on essaie de grappiller des points à droite à gauche, et on ne nous attend pas forcément. Donc on joue peut-être plus libéré. Mis à part deux ou trois équipes qui me semblent inaccessibles, comme Toulouse ou Clermont, on joue aussi tous les matches pour gagner. Mais on sait très bien qu'on a peu de chances de battre tout le monde, on ne rêve pas non plus. On a prouvé cette année qu'on pouvait accrocher les meilleures équipes du championnat.
Vous étiez venu à Dax pour être entraîné par votre frère Marc, parti depuis prendre la tête du XV de France. Comment avez-vous vécu ce changement au dernier moment ?
Le groupe s'était formé autour de Marc et de Jean-Philippe Coyola depuis deux ans, et certains joueurs, comme moi ou mon frère Mathieu, sont venus pour lui. Forcément, son départ a pesé. Et si Marc est en équipe de France, c'est qu'il a quelque chose, que c'est un bon entraîneur, avec une bonne influence sur le groupe. La décision a été très difficile à prendre pour lui. Il avait commencé à Dax un travail qu'il n'a pas eu le temps de finir. Mais ce sont les aléas d'une carrière et il faut faire avec. On n'a plus le temps de pleurer ou de le regretter.
A posteriori, maintenant qu'il n'est plus là, avez-vous des regrets d'être venu à Dax ?
Non, pas du tout. Je découvre un club très famille, je prends beaucoup de plaisir à m'entraîner, à jouer avec cette équipe. C'est un contexte différent de ce que j'avais déjà connu, mais je me régale, malgré l'absence de mon frère. Quand il nous a fait venir, il était persuadé qu'il serait encore l'entraîneur de Dax, donc on ne va pas lui en vouloir. Et je l'ai mis à l'aise tout de suite, il ne pouvait pas refuser ce poste de sélectionneur. Même si c'est vrai, égoïstement, ce fut dur à accepter. C'est un nouveau challenge que je m'étais fixé, et ce n'est que du plaisir. Et ça restera du plaisir si on réussit à se maintenir.
Quel regard portez-vous sur l'équipe de France version Lièvremont ?
Je suis déçu qu'ils aient perdu contre l'Angleterre, et s'il n'y a pas ce contre en début de rencontre, ils peuvent gagner. Mais il y a beaucoup de jeunes joueurs, et on ne remplace pas comme ça un cinq de devant avec des joueurs comme Pelous, Ibanez, De Villiers ou Marconnet. On est un peu bancal en mêlée, c'est vrai, mais je pense que c'est bien d'avoir donné leur chance aux jeunes, je pense notamment à Picamoles, Parra ou Trinh-duc qui ont été très bons. Et c'est sympa de voir un peu plus de jeu. Pour ce qui est du projet de jeu, j'ai envie de dire que l'équipe de France essaie de jouer comme Dax. Marc a des convictions, il a essayé de les faire passer à Dax, il essaiera de les faire passer en équipe de France.
Vous êtes sous contrat jusqu'en juin 2009. Avez-vous réfléchi à votre avenir ?
J'ai mes diplômes d'entraîneur, et oui ça me plaît. Mais je n'ai pas de plan de carrière, j'ai encore envie de profiter de mon statut de joueur, je prends du plaisir. Il faut toujours préparer l'avenir, mais on verra à la fin de mon contrat avec Dax.
C'est votre dernier contrat ?
Oui, après c'est fini. J'en aurai bien profité, ça va.»